Les publications
De l’histoire du livre à l’histoire de l’édition
De 1983 à 1986 paraît, en quatre volumes in-folio, L’histoire de l’édition française. Le projet est né dans les années 1980-1981, à l’initiative de Jean-Pierre Vivet, descendant d’une grande famille d’éditeurs, journaliste et ancien candidat à l’École des chartes. Henri-Jean Martin et Roger Chartier s’associent avec lui pour diriger, avec l’aide de Marie-Henriette Besnier en charge de l’iconographie, cette vaste entreprise qui réunit une centaine de collaborateurs. Nombre d’entre eux sont des élèves de Roger Chartier et d’Henri-Jean Martin, que ce soit à l’EHESS, l’École des chartes, l’EPHE ou l’ENSB.
De l’histoire du livre à l’histoire de l’écrit
En 1988, Henri-Jean Martin publie Histoire et pouvoirs de l’écrit, qui élargit radicalement et l’empan chronologique (des origines de l’écriture à la période la plus contemporaine) et la perspective, passant du livre à l’écrit. Fortement inspirée par le colloque sur « l’écriture et la psychologie des peuples », organisé en 1960 par le Centre de synthèse, la démarche de Martin s’apparente « au début d’un lent cheminement qui ne sera sans doute jamais achevé », étape dans « [s]on effort pour [s]e dégager de l’histoire du livre imprimé avec ce qu’elle comporte de partiel, pour élargir les horizons ».
Mises en texte, mises en page
« J'avais prévu en fait de donner un tome III à ma thèse, qui aurait concerné la mise en texte et l'illustration des livres. Je ne l'ai pas fait, et mon jury a oublié de me le reprocher ».
« Je disais toujours en riant à mes élèves que j’attendais ma retraite pour pouvoir regarder et lire les livres dont je leur parlais » : c’est en complétant le fonds constitué par ses diapositives pédagogiques que Martin constitue, dans les années 1990, une base de données riche de 12.000 vues qui lui permettent de « retracer une histoire de la naissance du livre moderne ». Formant diptyque avec le livre coordonné par Jean Vezin et dédié au manuscrit, La naissance du livre moderne (2000) étudie la façon dont les modes d’organisation intellectuelle des textes se matérialisent visuellement et les renouvellements de leur présentation typographique, et entend montrer les correspondances qui existent entre les systèmes de pensée et la présentation des textes.
Henri-Jean Martin a reçu tout au long de sa vie de nombreuses distinctions : la Médaille d’argent du Centre national de la recherche scientifique (1970), le Grand prix d’histoire de la ville de Paris (1985), le Prix Louise Weiss décerné par la Bibliothèque nationale (1987), les insignes de chevalier de la Légion d'honneur (1988), le Grand prix Gobert de l’Académie française (1989), le Prix de l’American Printing Association (1990), la Gold Medal of the Bibliographical Society, London (1995), le Gutenberg-Preis (1998) et le Prix de la critique de l’Académie française (2004).
Odile Martin (1929-2021)
Née le 25 avril 1929, Odile Lorber est reçue deuxième à l’agrégation des jeunes filles, section historique, en 1953. Après s'être penchée sur l'économie cistercienne à la fin du Moyen Âge, elle oriente ses recherches vers l’histoire de la Contre-Réforme. Elle soutient en 1974 une thèse de troisième cycle, sur les conversions protestantes à Lyon, sous la direction d’Alphonse Dupront.
Elle épouse Henri-Jean Martin en juillet 1955 ; ils ont quatre enfants. Soutien, interlocutrice, relectrice de son époux, elle collabore aussi à la rédaction de l’Histoire de l’édition française. Elle est très impliquée dans la conception et la mise en forme de La naissance du livre moderne et Aux sources de la civilisation européenne.