Histoire du livre & Bibliothèques
À LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE (1947-1958)
Protégé par Julien Cain, Henri-Jean Martin commence par faire un an de stage dans chacun des services de la Bibliothèque nationale avant de rejoindre la Réserve. Il y accueille entre autres les papiers de l’érudit Philippe Renouard : « une double série de cahiers dans lesquels était consignée et soigneusement décrite toute la production imprimée parisienne du XVIᵉ siècle : d’un côté imprimeur par imprimeur, et de l’autre année par année ». Cette source inestimable constitue la base de L’inventaire chrononologique des imprimeurs parisiens et, aujourd’hui, de la base de données BP16.
« Très jeune, j’ai été précipité à la Réserve des Imprimés parmi les livres les plus beaux. Par conséquent je suis très exigeant dans ce domaine ».
Henri-Jean Martin, affecté à son corps défendant au catalogage de l’Enfer, était apparu à Raymond Picard comme « ce curieux bibliothécaire qui, dans la salle publique où était installé son bureau, se cachait derrière un mur de livres pornographiques pour lire des incunables ».
Henri-Jean Martin se passionne pour l’organisation d’expositions. À propos de L’art du livre, il déclare :
« Je crois que cette exposition a marqué une étape importante dans le nouveau démarrage de l’histoire du livre en France ».
À LYON (1962-1970)
Arrivé à Lyon en 1962 et soutenu par le maire Louis Pradel, Henri-Jean Martin s’emploie à réveiller une « bibliothèque assoupie » : il organise des expositions, obtient de nombreux postes supplémentaires et lance la construction de la nouvelle bibliothèque, très vaste bâtiment de 27 000 m² . Il alloue une grande place aux magasins : « pour moi, une bibliothèque n’est pas seulement un service de lecture : c’est aussi un instrument de conservation du savoir ».
Henri-Jean Martin participe activement à la fondation du Musée de l’imprimerie, sur une idée du maître imprimeur Maurice Audin, et avec l’aide du libraire parisien André Jammes. À la présentation du patrimoine typographique, sorte de vitrine de la bibliothèque, s’ajoute un objectif didactique : il s’agissait de rendre visibles la façon dont les livres étaient fabriqués et les techniques mises en œuvre. Entre autres initiatives, les fondateurs souhaitaient « faire fonctionner une presse semblable à celle de Gutenberg. La réplique a malheureusement été construite dans un bois trop jeune qui a joué et l’a rendue difficilement utilisable ».