L'apparition du livre
La genèse de L’apparition du livre
s’enracine dans le vaste projet de synthèse élaboré par Henri Berr en 1911-1913. D’abord confié à Augustin Renaudet, Le Livre est repris en 1929 par Lucien Febvre qui, malgré le vif intérêt qu’il manifeste pour cette problématique, ne parvient pas à le mener à bien. Au début des années 1950, il découvre le travail d’Henri-Jean Martin et, séduit, lui propose de collaborer à l’ouvrage par une lettre datée du 26 mai 1953.
La collaboration entre les deux hommes
À l’automne 1953, Febvre remet à Martin une abondante documentation. En décembre 1953, il lui confie la préface lisible en tête du volume, ainsi qu’un plan détaillé en cinq pages manuscrites. Dans les mois qui suivent, Martin rédige, Febvre révise. Ce dernier relit, corrige, annote abondamment. « Il n’y a guère de pages, il n’y en a même pas, et surtout il n’y a guère de ligne qui ait échappé à mon stylo », concède-t-il.
La mort de Febvre
met fin à cette collaboration, le 25 septembre 1956. Rédigée en octobre 1957, une note d’Henri-Jean Martin, publiée en tête du livre revient sur cette genèse en entrecroisant l’évocation d’un contrat noué autour du projet initial de Febvre et celle d’une déprise progressive du maître : s’opère ainsi un transfert de responsabilité vers celui qui, en regard, assume de plus en plus la « mise en livre ». Cette note explicative change de statut à la faveur de la dernière phrase, qui en fait une dédicace in memoriam. Alors qu’elle s’ouvrait sur le geste initial de Febvre invitant le jeune chercheur à « rédiger ce livre », elle se referme sur le jeune chercheur désormais auteur, dédiant à Febvre « le présent livre ».
La première réception du livre
est plutôt tiède, malgré des comptes rendus favorables de Charles Samaran et Robert Brun. Le « Febvre & Martin » met une dizaine d’années à trouver véritablement son public, ce qu’attestent sa réédition au format poche en 1971 et les nombreuses traductions en langue étrangère dont il fait l’objet. Sa transformation en « classique » est confirmée par sa troisième édition, en 1999, dans la « Bibliothèque de l’évolution de l’humanité », accompagnée d’une postface de Frédéric Barbier, et par les colloques organisés à Lyon (Enssib) et à Budapest pour son cinquantenaire, en 2008.