Un acteur oublié de la lutte contre les accidents du travail et des maladies professionnelles : le comité d'hygiène et de sécurité de l'usine Peñarroya de Noyelles-Godault (1945-1984)
thèse d’École des chartes
Auteur
Directeur de thèse
Vasseur, Édouard
Date de soutenance
2025
Lieu de conservation
Langue
français
Mots-clés
Résumé
Ancien fleuron industriel du Nord-Pas-de-Calais, la fonderie de plomb et de zinc Metaleurop/Peñarroya, située à Noyelles-Godault, ferme en 2003. Les conditions de travail y sont très difficiles, avec de nombreux risques de maladies professionnelles, dont le saturnisme, et d’accidents du travail. Pour prévenir ces risques, l’usine s’est appuyée sur son comité d’hygiène et de sécurité (CHS), mis en place dès 1945, et remplacé par le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail, en 1984. Sur le plan national, la dimension coopérative entre la direction et les ouvriers, voulue par le législateur, a peiné à séduire les acteurs du monde du travail. À rebours de ce constat d’échec, les acteurs de l’hygiène et de la sécurité de Peñarroya Noyelles-Godault ont pleinement investi le CHS, jusqu’à devancer la réglementation, avec une direction volontariste, un service sécurité efficace et des représentants du personnel investis et compétents. Le CHS est l’acteur central de la prévention des risques à l’usine, qui se structure progressivement entre l’après-guerre et les années 1980. La position nodale du CHS rend les sources qu’elle a produites idéales pour analyser la politique de prévention de l’usine, même si elles gardent une certaine opacité, notamment sur le saturnisme. Les mesures de prévention sont d’abord isolées et se heurtent à la vision patronale des accidents du travail, justifiant l’inaction par l’attribution des responsabilités des accidents à leurs victimes. Grâce aux conditions favorables créées par le CHS, l’approche patronale de la sécurité est précocement dépassée et la prévention se structure progressivement. À partir des années 1970, elle fait système à l’échelle de l’usine et s’applique tant aux machines qu’aux travailleurs, qui bénéficient d’équipements de protection individuelle et de formations à l’hygiène et à la sécurité. Cette politique de prévention permet de faire baisser la fréquence des accidents les moins graves, tant et si bien que son efficacité est reconnue par l’Inspection du Travail. Toutefois, elle conserve certaines limites, avec des thématiques, comme l’alcool, qui ne sont pas abordées, et n’a pas réussi à faire refluer les accidents les plus graves.