Lutte des femmes pour le communisme, lutte communiste pour les femmes ? : L’Ouvrière, premier journal des femmes communistes (1922-1935)
thèse d’École des chartes
Auteur
Directeur de thèse
Gauthier, Christophe
Date de soutenance
2025
Lieu de conservation
Langue
français
Mots-clés
Résumé
Au sortir de la Première guerre mondiale, le mouvement ouvrier international se recompose profondément. Avec l’émergence de la IIIe Internationale, un élan traverse les milieux militants d’avant-guerre. Parmi eux, les espaces militants socialistes féminins et les féministes radicaux qui considèrent le communisme l’occasion de libérer la femme d’une double oppression. En France, le Parti communiste naissant attire des figures féminines qui vont s’atteler à construire et légitimer des structures féminines. Elles affirment vite la nécessité d’avoir un outil pour diffuser leurs idées et convaincre les masses. L’Ouvrière, première publication féminine, naîtra en mars 1922. Les débuts enthousiastes de la publication font vite place à des difficultés. Organe de presse militant au faible tirage, appartenant à L’Humanité, il est vite mis en cause par l’ensemble du parti. Il est suspendu en 1927 jusqu’en 1930, puis supprimé en 1935. Ces difficultés trouvent leur naissance dans la crise que traverse la presse, mais aussi dans la surveillance étroite à laquelle est désormais soumise le parti dans les années. L’indifférence de la majorité du parti vis-à-vis de la publication n’est pas non plus à ignorer. Pourtant, L’Ouvrière s’inscrivit dans la politique du parti dont elle en était l’écho. Elle participa ainsi aux grandes campagnes du Parti communiste. Communiste. La publication n’en était pas moins attentive aux questions féminines. Son point de vue vis-à-vis des mouvements féministes réformistes alterna entre rejet total et main tendue. Pour cause, la vision du journal sur les questions féminines de l’époque furent assurément transgressives. Objet militant, L’Ouvrière fut l’outil du militantisme de plusieurs générations d’hommes et de femmes à la trajectoire diverse, impactée par les crises internes au parti. La publication, en ce sens, fut au cœur du militantisme féminin communiste qu’elle chercha à développer par tous les moyens. En voulant convaincre la lectrice, il s’agissait de la faire entrer dans un quotidien militant et propre à une communauté communiste, partageant les mêmes moments, lieux et références culturelles. En définitive, par ce travail, nous espérons restituer ce que fut L’Ouvrière, une des premières expressions du militantisme féminin communiste en France.
