Ad Honorem Dei et Ecclesie : le trésor de la cathédrale de Rouen (1204-1510)
Thèse non numérisée : demander une autorisation de consultation du format physique aux Archives nationales
thèse d’École des chartes
Auteur
Directeur de thèse
Plagnieux, Philippe
Date de soutenance
2025
Lieu de conservation
Langue
français
Mots-clés
Résumé
A la fin du Moyen Age, la Normandie se trouve tiraillée entre France et Angleterre. Le chapitre de de Rouen s’érige en gardien de l’identité normande. Pour ce faire, il s’appuie en particulier sur certains objets qui sont conservés dans le trésor du maître-autel de la cathédrale. Outre les somptueux objets liturgiques, celui-ci recueille la Charte aux Normands ainsi que des reliques. Mais les chanoines restreignent fortement l’accès à ce trésor, conservé derrière les grilles du revestiaire et de la salle haute. Tout en étant inaccessible, sa présence est ainsi soulignée : la fascination des fidèles en est accrue. Le clergé cathédral participe consciemment à la construction de la mémoire qui glorifie son église et consolide son pouvoir politique. La meilleure illustration de cette stratégie réside dans le privilège Saint-Romain, où chaque année à l’Assomption, un condamné est libéré par le chapitre grâce à l’intercession du saint évêque. Mais la notion de trésor en la cathédrale de Rouen ne se résume pas aux fastes du maître-autel. Disséminés dans chaque chapelle se trouvent plus d’une soixantaine de petits trésors. Constitués du strict minimum pour célébrer une messe, la plupart sert aux chapelains perpétuels à desservir leur chapellenie. Quelques uns sont réservés à l’usage des collèges de chapelains. Le chapitre, responsable du trésor du maître-autel, ne délaisse pas ces petits trésors : il est très impliqué dans la gestion de tous ceux-ci. Il évince progressivement le trésorier au profit de la fabrique, sur laquelle il a meilleure prise. Il encourage les dons et oblations, lance des commandes, aliène si besoin est et surtout entretient régulièrement ces ensembles. Des trésors bien tenus permettent l’accomplissement d’une belle liturgie. Il en va de la dignité de la cathédrale tant chérie par les chanoines. Aux dévotions débordantes de liesse, le chapitre préfère au sein de l’espace ecclésial une piété plus réservée, qui ne porte pas atteinte à l’honneur du sanctuaire. Les fidèles peuvent laisser libre cours à leurs dévotions lors des multiples processions qui sanctifient la cité rouennaise.