˜"œIpse dabo vati chartacea munera vates" amitiés étudiantes et sodalitas humaniste dans les alba amicorum sur livres d'emblèmes interfoliés (deuxième moitié du XVIe siècle)

Thèse non numérisée : demander une autorisation de consultation du format physique aux Archives nationales

thèse d’École des chartes

Auteur

Directeur de thèse

Bénévent, Christine

Date de soutenance

2024

Lieu de conservation

Mots-clés

Résumé

Recueils d’autographes, de citations, d’armoiries ou encore de dessins, les alba amicorum sont des carnets composites qui accompagnent un individu au cours de ses pérégrinations. Leur possesseur demande aux personnes rencontrées d’y laisser une dédicace. Apparus au milieu du xvie siècle dans les universités protestantes de l’Empire, ils sont aussi qualifiés en allemand de Stammbücher. Mais ce terme est le fruit d’une interprétation, qui ne reflète que partiellement la complexité de cet objet. La caractérisation latine d’album amicorum, au contraire, permet de mettre particulièrement en évidence les tensions qui parcourent cet objet, qui ne peut être qualifié complètement de source historique ni d’œuvre littéraire, ainsi qu’a pu le montrer la succession de deux courants critiques depuis le début du xxe siècle. L’étude d’un support particulier pour ces albums, celui des livres d’emblèmes interfoliés comme la Picta poesis de B. Aneau ou les Emblemata d’A. Alciat, permet d’enquêter sur l’ambiguïté qui lie l’album amicorum au livre, pour amorcer une définition de cette pratique à ces débuts. En explorant les différents cadres livresques et amicaux auxquelles elle pourrait se rapporter, il apparaît que l’album amicorum ne peut pas être vu comme un genre littéraire, mais peut toutefois être considéré comme une pratique poétique. Celle-ci repose sur le geste de l’inscription mais aussi sur l’existence d’un ensemble de codes, mis en évidence par le jeu de réponse entre emblèmes et dédicaces. Coutume de groupe où est mise en œuvre une sociabilité de la publication, l’album amicorum s’inscrit alors dans l’idéal de la République des Lettres. Paradoxalement, c’est peut-être cet héritage humaniste qui pourrait expliquer l’implantation de la pratique dans l’Allemagne réformée, où la Standeskultur naissante se présente comme le lieu idéal de développement des Wappenbücher (recueils d’armoiries) nobiliaires, premiers héritiers des alba amicorum.

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