De l'imprimeur esthétique à l’obscénité artistique : les premières revues de modèles photographiques de nu à destination des artistes (1902-1914)

Thèse non numérisée : demander une autorisation de consultation du format physique aux Archives nationales

thèse d’École des chartes

Créateur

Contributeur

Date de publication

2019

Importance matérielle

2 vol. (739 p.) : ill. ; 30 cm

Provenance

Langue

Français

Sujet

Résumé

À l’aube du XXe siècle, une presse d’un genre nouveau voit le jour, suscitant bien des débats. Pensées et vendues comme des catalogues périodiques de modèles photographiques de nu, les revues du nu fleurissent. À une époque où la production de cartes postales érotiques foisonne, elles s’appliquent à préciser qu’elles se veulent « à destination des artistes », une adresse fondamentale à leur diffusion qui en trahit encore l’ambiguïté. Vendus sous pli fermé, ces répertoires de nudités suscitent l’incompréhension. Documents de charme ou documents d’étude ? La question ne se pose pas pour leurs détracteurs qui voient en eux des obscénités dignes d’être poursuivies pour outrage aux bonnes mœurs. Cette illégitimité artistique qui leur est contemporaine entraîne, à terme, une illégitimité historique : ils ne sont pas dignes d’intérêt car ambivalents. Pourtant, leur étude éclaire à bien des égards la société dont ils sont issus. Dans les revues du nu, textes comme images concourent à la construction d’un discours genré, à destination d’un lecteur évidemment masculin : la femme est un sexe, elle est une race, elle est une pathologie. Elle est Autre. Les revues du nu sont les miroirs des mentalités de leur temps, tandis que la peur qu’elles suscitent trahit les contradictions d’une société à son crépuscule, à la veille d’une guerre nouvelle. À la croisée des histoires de la photographie, de l'art, de la presse, des mentalités et du droit, ces documents font la lumière sur la pluralité de regards qu’engage une question immémoriale : où s’arrête l’art, quand commence l’obscénité ? Quelques années avant la Grande Guerre, les revues du nu vacillent : elles balancent entre art et obscénité, entre le licite et la licence. Bouclier contre la censure, la prétention artistique dont elles se vantent finit par être dépassé. À l’instar de la société qui leur donna naissance, la Première Guerre mondiale en sonne le glas ; elles n’y survivront pas.

Source

Autour de la thèse