Carne amictus. Vêtir le prêtre, parer l’autel au temps de l’hyperréalisme eucharistique (fin XIIIe-début XVIe siècle)
Thèse non numérisée : demander une autorisation de consultation du format physique aux Archives nationales
thèse d’École des chartes
Auteur
Directeur de thèse
Date de soutenance
2019
Description matérielle
3 vol. (780 p.) ; 30 cm
Lieu de conservation
Langue
Français
Mots-clés
Résumé
Au Moyen Âge tardif, la dévotion exacerbée au corps du Christ engendre, dans la chrétienté occidentale, un nouveau rapport visuel au rituel qu’est la messe. Depuis l’instauration de la Fête-Dieu jusqu’aux bouleversements de la Réforme, les textiles liturgiques, fluides et amovibles, rendent manifestes les gestes, les objets, les acteurs et les temps du rituel par un jeu de voilement et de dévoilement. Fragiles et méconnus, ces textiles ne sont pas moins des éléments essentiels de la « culture visuelle » de la fin du Moyen Âge. Les textes, les images et les textiles médiévaux eux-mêmes sont convoqués pour écrire une histoire d’un décor éphémère rituel. Envisagés dans une approche systémique, les textiles déployés autour de l’eucharistie, vêtements, parements et linges, forment un ensemble signifiant. Leurs couleurs, leurs décors et leurs mouvements sont liés aux temps et aux rythmes du rituel. Ils contribuent également à la création d’un « espace eucharistique » dont la visibilité est l’enjeu central de la dévotion du Moyen Âge tardif. Les textiles liturgiques sont intriqués dans un ensemble de rapports entre deux corporalités : le corps du Christ reconnu présent sous forme sacramentelle et le corps du prêtre qu’ils revêtent. Ils mettent en valeur la capacité quasi-démiurgique du célébrant et invitent à repenser la spiritualité sacerdotale. Cette anthropologie du rituel permet de reconsidérer le rôle des « acteurs » et des « spectateurs », des clercs et des fidèles, des hommes et des femmes à travers la donation, la réception, la possession, le toucher, la vénération parfois, des textiles liturgiques.